Roman en cours d’écriture.
Chapitre 1 ( extrait)
J’ai senti sa main tenir mon cou. Comme cette main qui vous étrangle par derrière, qui vous serre. Mais je n’ai pas eu peur. Je n’ai pas crié. Pourtant, j’aurais pu. Cela m’a surprise tout d’abord. J’ai cru que je rêvais, que j’étais dans un rêve lucide. Très vite, j’ai compris que c’était bien lui. Il m’avait retrouvée. Il m’avait fait comprendre durant la journée qu’il ouvrirait cette porte. Oui je savais qu’il était là dans l’ombre et qu’il ne tarderait pas à me prendre par surprise.
Toute la journée, j’ai entendu son souffle. Toute la journée, j’ai entendu cette porte qu’il claquerait.
Le voilà derrière moi me touchant le cou et je ne peux rien faire d’autres à part marcher et aller jusqu’à mon lit avec lui.
Je suis montée par l’escalier et je souriais tout en sentant sa main. Je souriais parce que je n’avais pas peur, parce qu’il était là derrière moi. Je souriais parce que je savais qu’il viendrait.
Maintenant j’ai l’habitude. Ils agissent tous ainsi. Ils me font signe, me séduisent par leur présence sourde puis lorsqu’ils sont là, prêts à franchir la porte, ils se faufilent derrière moi.
Il me tient, il me pousse avec cette petite pression qui me fait comprendre qu’il faut que je monte dans la chambre.
Il fait chaud. J’ai froid. J’aurais dû en descendant de la chambre au moins mettre mon sweat et mes chaussettes. Je suis pieds nus. Le sol est vraiment froid. C’est de la pierre. Tout dans cette maison est froid de toute façon. Je n’aime pas les objets. La décoration est vraiment lourde et sans goût. J’ai ouvert la porte sans trop de bruit car je ne voulais pas qu’on m’entende.
Mais d’où viennent tous ces objets ? Encombrants, me dis-je dans la tête, vraiment beaucoup trop comme si je n’avais pas ma place. D’ailleurs depuis le début, je pose un cahier à un endroit, je le retrouve à un autre. Je ne me souviens pas de l’avoir déplacé et pourtant si c’est bien moi qui l’ai fait. Mais mes souvenirs se mélangent dans cette maison. Entre ces objets et les miens, il n’y a pas beaucoup d’air.
J’ai l’impression que ce lieu me possède. Rien ne m’appartient ici et tout m’encombre.
Le froid me glace davantage cette nuit. Sa main est chaude pourtant.
J’ai entendu son ronflement à elle lorsque j’ai poussé la porte de la chambre. Rien ne semblait la perturber. Nous avions bien ri et je l’avais surtout entendu parler le soir avec les autres filles. Je n’entendais pas très bien leurs conversations mais ça parlait d’amour.
Moi je suis allée me coucher avant tout le monde. Car je savais qu’il me réveillerait de toute façon. J’avais senti qu’il viendrait me voir.
Je me suis allongée et j’ai dormi.
Mal dormi, tellement j’ai eu chaud. Le chauffage était bien trop fort. Pourquoi je ne l’ai pas baissé ? C’est d’ailleurs ça qui m’a réveillé et qui m’a invitée à aller me chercher un verre d’eau en bas. Je suis descendue et tu m’attendais en bas.
J’ai cherché à te retrouver sans aucun doute. Je n’ai pas réagi toute de suite.
Tu me connais depuis tellement longtemps déjà. On n’a jamais vraiment parlé de vive voix à part quand je criais et que tu restais muet. Parce qu’au début tu me faisais vraiment peur et maintenant ce n’est plus le cas. J’accepte ta présence, j’accepte qui tu es et ce que tu me fais.
Je me suis demandé tant de fois d’où tu venais. A chaque endroit, je t’ai posé la question. Et ta seule réponse était cette main sur mon cou.
Pourquoi me fais-tu sentir ta main sur mon cou?
Pourquoi ai-je cette impression une nouvelle fois que tu me pousses à me rendormir vite parce que de toute façon il ne se passera rien d’autres ce soir à nouveau.
J’ai poussé la porte de la chambre, je l’ai entendue ronfler et je me suis allongée dans ce lit de petite fille avec cette vitre qui donne dans le vide. Dès le départ, j’ai senti que je flotterai dans un entre-deux avec toi. J’ai perçu combien cette maison était celle d’un enfant qui s’est laissé mourir dans le temps.
Et tu as choisi de venir me voir adulte, de me poser ta main une nouvelle fois sur mon cou comme toutes les autres fois.
Je suis allongée sur le lit, je ne sens plus ta main dans mon cou. Je suis déjà nostalgique de ton départ. Je suis déjà triste de ne pas avoir pu te demander un autre signe.
Pourquoi fais-tu cela à chaque fois ? Pourquoi me hantes-tu ainsi comme si on ne s’était jamais quittés alors que tu es mort depuis longtemps, tellement longtemps déjà ?
Tu es resté dans cette maison fantôme et moi aujourd’hui en parfaite inconnue, venue passer un week-end avec des amies pour parler de futurs projets, tu reviens et tu me souffles ta présence invisible mais si chaude pour mon corps.
Il faudra bien un jour que tu t’expliques. Car je ne tiendrai pas longtemps ainsi à t’attendre, à te sentir derrière cette porte que tu n’ouvres pas le jour mais que tu pousses la nuit pour me retrouver et à nouveau me poser ta main sur mon cou.
Tu représentes tant pour moi. Tu es l’homme de la nuit. Tu es celui qui me caresse secrètement j’en suis certaine, lorsque je dors.
J’ai décidé de ne pas te répondre et de ne pas te montrer ma réaction.
Tu m’as fait peur oui au début et maintenant, je sais que nous avons un lien et c’est dans les lieux inconnus que tu viens à moi parce que là tu sais que je ne suis pas protégée.
Je suis seule, vulnérable. Mes barrières de protection n’existent plus ailleurs. Tu arrives sans cesse à te faufiler. Je ne t’entends jamais venir mais je sais que tu es là prêt à bondir près de moi et à me saisir le cou de ta légère pression.
Tu es parti et une nouvelle fois, ce soir, tu as déposé une fleur dans mon utérus.
Tu m’as questionné tant de fois dans l’amour que je me porte et que je te donne. Et la seule réponse que j’ai eu c’est cette fleur que tu me laisses comme un au revoir qui me creuse mon âme.
Qui es-tu ? Reviendras-tu vite ? et où la prochaine fois ?
Je ne pourrai pas jouer longtemps ainsi et tu le sais car j’ai besoin de réponses. J’ai l’impression de devenir folle à ce petit jeu qu’est le nôtre ou plutôt le tien.
L’attente est longue et je savoure l’instant où tu sentiras enfin toutes ces fleurs que tant d’autres ont arraché, ont blessé tandis que toi tu les as déposées.
Mais qui es-tu fleuriste de la nuit?
A lire:
Pour découvrir mon univers d’auteure, j’ai écrit ce premier livre:
Les 7 rêves de l’amour, un voyage en pleine confiance du coeur.