Tenir bon devant les autres et s’effondrer à l’intérieur est certainement l’un des paradoxes de l’être humain le plus difficile émotionnellement. Combien de fois je me suis dit que c’était injuste de vivre cela, de faire bonne apparence alors que tout est ravagé au fond de soi. C’est dire « ça va » à la question comment tu vas et qu’en fait non ça ne va pas du tout. C’est la tornade au fond de soi. Et on n’a qu’une envie: pleurer et tout changer.
On hurle dans le creuset de notre coeur. On crie tout ce qu’on n’ose pas dire. Alors on tient bon. On est debout dans ce théâtre de la vie où l’on marche avec tant de faux semblants sur notre dos. Et pourtant à l’intérieur, c’est le château de cartes chaque fois qui tombe. Tout d’abord, c’est comme un frémissement et puis ça finit par tomber d’un seul coup.
On aimerait que cela n’arrive pas jusque-là et pourtant comment tenir encore et encore lorsque ça dure depuis trop longtemps ainsi et qu’au fond de notre cœur, dans le tremblement de notre âme tout s’écroule.
Cette dualité émotionnelle est connue par beaucoup d’entre nous. Cette image que nous projetons à l’extérieur est en conflit avec nos tourments intérieurs que nous ressentons.
Pourquoi cherchons-nous alors à paraître forts, confiants, résilients pour le monde extérieur ? Pourquoi cachons-nous nos vulnérabilités et nos luttes internes ?
Cette complexité émotionnelle est le résultat de nombreuses causes :
- -la pression sociale
- -la peur du jugement
- -l’incapacité à exprimer nos émotions
- -la peur de blesser
Masquer ses émotions peut avoir des conséquences sur notre bien-être. Trouver alors cet équilibre entre l’apparence extérieure et la réalité intérieure n’est pas simple , il est vrai, et cela pose les enjeux de notre quête essentielle d’harmonie avec nous-même. Ce voyage authentique nous plonge indéniablement dans la question de l’authenticité émotionnelle et la manière dont nous construisons nos relations en arrivant enfin à quitter ce masque que nous portons devant les autres.
Pourquoi avons-nous ce besoin de tenir bon devant les autres, même lorsque nous nous effondrons à l’intérieur ?
Très souvent, le besoin de présenter une façade forte et imperturbable est lié à la culture avec laquelle nous sommes ancrés où l’on nous encourage à montrer une image positive. Ce comportement nous pousse à cacher nos faiblesses et à ne pas déranger les autres avec nos préoccupations de la vie.
La peur du jugement est également un facteur significatif. Nous redoutons souvent d’être perçus comme faibles ou incapables. Nous maintenons alors sur notre visage ce masque de stoïcisme de peur d’être stigmatisés ou rejetés.
C’est ainsi que la réussite est valorisée dans cette maîtrise de soi qui est considérée comme essentielle pour progresser.
Mais cette dissimulation émotionnelle a des conséquences profondes sur notre bien-être.
La perte d’engagement émotionnel dans les relations
Lorsque nous aimons quelqu’un, nous lui devons me semble t’il la vérité émotionnelle même si cela blesse, détruit parfois. Il est tellement facile de fuir et de dire : « je ne te dis plus rien parce que tu ne comprends pas ou tu ne comprends que ce que tu veux. »
Il s’agit alors d’imposer notre vérité pour être authentiques dans nos interactions avec les autres. Car si nous ne le faisons pas, nous sommes des acteurs. Il s’agit d’une perte d’engagement émotionnel dans les relations. En effet, lorsque nous nous retrouvons à camoufler nos vulnérabilités, nos peurs, à écraser nos émotions, nous participons à une sorte de pièce de théâtre. Une représentation où nous sommes les acteurs et où le masque que nous portons devient en quelque sorte notre costume, notre bouclier. C’est une façade que nous érigeons pour répondre à des attentes qui ne sont pas les nôtres. Nous ne sommes plus dans un lien d’engagement émotionnel avec l’autre.
Qu’est-ce qui provoque alors cette attitude? C’est le regard de l’autre.
La crainte du jugement est un spectre invisible qui nous hante profondément. Elle nous tient en otage, nous poussant douloureusement à garder nos émotions dans l’obscurité.
Notre moi intérieur souffre tant en silence. Nos émotions sont refoulées et notre détresse non partagée se muent en un fardeau qui pèse sur notre âme.
Cet effondrement progressif est un étouffement qui au fil du temps peut déclencher des tempêtes émotionnelles dévastatrices.
En maintenant cette façade inébranlable, nous nous éloignons non seulement de nous-même mais aussi de nos proches.
Comment arriver à atteindre cette harmonie entre notre moi extérieur et intérieur ?
C’est un voyage profondément personnel. Cette quête d’authenticité demande du courage, de la vulnérabilité et un engagement personnel.
Ce chemin ardu peut être parcouru grâce à l’écriture thérapeutique. Car cette dernière peut nous conduire vers une plus grande compréhension de nous-mêmes et des autres et aller ainsi vers des relations plus authentiques et une paix intérieure.
En écrivant, nous créons un véritable espace de vérité encouragée et valorisée. Et c’est extrêmement libérateur.
Nous nous réconcilions avec nous-même au bout d’un temps. Ce chemin transcende nos habitudes et détruit ce fonctionnement pervers.
Tenir bon devant les autres et s’effondrer à l’intérieur est une habitude paradoxale qu’il faut dépasser absolument si nous souhaitons vivre en paix avec nous-même. C’est un schéma négatif que nous pouvons répéter voire vivre durant toute notre vie. Il est donc important d’œuvrer vers une transformation personnelle qui nous réaffirmera dans notre pleine identité.
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