Je tremble quand j'écris

Je tremble quand j’écris.
C’est un frisson léger, presque imperceptible qui part de l’intérieur, du fond de l’estomac et qui se propage jusque dans mes doigts. Comme si chaque mot était une petite étincelle, une braise qui pourrait tout embraser ou bien se consumer en silence.

J’ai peur parfois. C’est une peur sourde, discrète que mes mots, une fois écrits, ne deviennent des vérités incontournables, gravées dans le marbre des pensées des autres, comme si ce que je disais était une loi, une règle inaltérable qui s’impose sans appel, sans discussion.
Je les vois se déformer, ces mots, pris dans l’air de l’interprétation, pris dans le vent de l’imaginaire des autres.

C’est comme si chaque phrase que je trace portait en elle le poids de l’univers, comme si mes pensées, effleurées par le stylo prenaient une consistance nouvelle, qu’elles se transformaient en vérités, en révélations, qui se bousculent pour faire frissonner le cœur ballant, celui de ceux qui les lisent.
Je tremble, oui, car une fois partagés, mes mots ne m’appartiennent plus.
Ils prennent leur envol, ils deviennent le reflet de celui qui les reçoit, et je ne peux plus rien y changer.

Il y a cette crainte, sourde et lancinante que mes mots se fassent plus grands que moi, plus puissants que ma propre compréhension, qu’ils m’échappent et qu’ils créent des montagnes là où il n’y avait que des collines.
Je les regarde, impuissante, se faire déchiffrer, tordre, façonner, dans des contextes qui ne leur appartiennent pas, dans des mondes qui les transforment en autre chose, quelque chose que je n’avais pas voulu dire, quelque chose que je ne voulais pas être.

Je tremble car il y a un courage dans chaque mot, un courage qui consiste à poser la vérité nue
sans savoir ce qu’elle deviendra une fois sortie. Et pourtant, je continue à écrire, à offrir ma vérité fragile au monde, parce que, dans ce tremblement, je trouve aussi une forme de liberté.
Liberté de dire, liberté de risquer l’incompréhension, liberté d’ouvrir une porte sans savoir ce qu’il y a derrière.
Parce que l’écriture, malgré la peur, est un élan vers l’inconnu, et dans chaque tremblement, peut naître une forme d’authenticité.

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