A toutes ces femmes qui ont courbé le dos. Elle se tient là, droite, vulnérable et pleine de ce qu’elle a vécu. À toutes ces femmes qui ont courbé le dos devant les rumeurs, les jugements, les mensonges, à ceux qu’on a fait taire à coups de regards en coin et de phrases qui blessent plus que des poings, à ceux qu’on a volés dans ce qu’ils avaient de plus précieux, leur voix, leur identité. Il y a quelque chose en elle de l’attente, oui, mais surtout de la délivrance. Une sorte de dernier acte qu’on n’applaudit pas mais de celui qui vous hante encore après le rideau tiré. Parce que ce n’est pas une fin, c’est une renaissance. Elle ne quémande plus un regard. Elle le traverse, le dissout, le renverse. Elle ne séduit plus, elle affirme sa présence sans questionnement et sans jugement désormais. Oui son dos porte des silences anciens et pas mal de renoncements qu’elle a pliés comme des lettres jamais envoyées car trop pleines de vérités pour ne pas brûler les mains des autres. Les gens l’ont peut-être laissée là, adossée à ce mur de certitudes fausses, de jugements gratuits, de caresses empoisonnées. Mais elle, je vous assure elle n’a rien oublié. Elle a tout gardé en elle. Elle n’attend plus qu’on vienne la sauver. Elle ramasse tous les restes pas pour pleurer dessus mais pour en faire autre chose. Un pont. Une arme. Une robe de cendres. Elle réapprend à vivre. Et le plus beau dans tout cela finalement c’est quand tout le reste a chuté mais que vous savez quoi faire de toutes ces poussières du mur pour le prochain acte, pour écrire un tout nouveau chapitre avec une plume trempée dans le silence devenu force. Elle ne parle pas fort. Elle n’a plus besoin. Chaque pas qu’elle fait, chaque silence qu’elle tient, porte plus de vérité que tous les discours de ceux qui l’ont niée. Elle ne cherche plus à prouver. Elle n’argumente pas. Elle existe. Et c’est déjà un acte de rébellion. Sa peau est devenue mémoire. Ses mains, des outils. Ses yeux, des phares. Elle avance, non pas malgré tout, mais avec tout.Avec les griffures, les manques, les failles. Avec la colère intacte et l’amour encore chaud. Elle ne demande plus la place. Elle la prend parce que son histoire mérite le sol, le ciel, le centre.Parce que ce qu’elle a traverse n’est pas une faiblesse mais une traversée. Elle ne veut plus d’excuses ni de regards désolés ni de tentatives maladroites pour réparer l’irréparable.Ce qu’elle veut, c’est marcher libre, entière, fière de tout ce qu’on a voulu lui faire taire. Et si elle trébuche, ce ne sera plus pour se briser, mais pour se poser, reprendre souffle, puis se relever encore. Elle ne ressemble peut-être plus à celle qu’on avait connue. C’est normal. Elle s’est retrouvée. Et c’est bien plus beau. Parce que maintenant, ce n’est plus elle contre le monde. C’est elle avec elle-même. Et ça change tout.